Les 928, 924, 944, 968

  • Le projet 928 : On est à l'époque où le Dr Ernst Fuhrmann succède à Ferry Porsche à la tête de l'entreprise. Sa décision est de concurrencer Mercedes-Benz et BMW sur le marché des coupés de luxe, avec une clientèle plus mûre et avertie, privilégiant le confort sur le frisson. L'idée est alors de remplacer la 911 par la 928. Mais dès le début, il fut décidé qu'il fallait qu'elle ait l'âme Porsche. Ce fut en réalité la première Porsche entièrement Porsche, dans le sens où les 356 et 911 étaient basés sur la Coccinelle, et que les 914 et 924 étaient marquées par l'empreinte VW.
  • Avec la 924 et la 928, Porsche établissait les bases de sa gamme pour de nombreuses années à venir, et ne pouvait commettre d'erreur. Or les réglementations de sécurité et nuisances sonores et polluantes devenaient de plus en plus rigoureuses. L'architecture moteur avant permettant plus facilement de satisfaire aux normes (par exemple car les mesures sonores se faisant à l'échappement, les bruits du moteur à l'avant sont plus éloignés de l'appareil de mesure), c'est cette architecture qui fut choisie pour la gamme à venir.
  • C'est Anatole Lapine qui s'occupa du design. Elle ressemblait à la 924, mais à aucune autre Porsche construite jusqu'alors.
  • La 928 était une excellente voiture, et fut élue voiture de l'année en 1978, une première pour une voiture de sport.
  • Le lancement fut excellent, mais les ventes ralentirent assez rapidement, ce qui obligea Porsche à lancer la 928 S plus puissante et sportive. La 928 se vendit à 58.000 unités, à une moyenne annuelle de 2.900 véhicules.
  • La 924 : Le bureau de consultance de Porsche avait travaillé sur un coupé 2+2 pour Audi. Suite à un changement de direction au sein de Audi, le projet fut abandonné. Porsche prit alors la décision de racheter le projet, et d'en faire la Porsche 924.
  • On choisit le moteur qui équipait l'Audi 100 et le van LT de VW, et on le plaça à l'avant. Placer le moteur de façon centrale fut envisagé, mais abandonné. Un moteur central offre des avantages de maniabilité et d'image de marque, mais l'aspect pratique d'habitabilité et d'espaces de rangement l'emporta. On aurait pu également utiliser la solution de la 911, une propulsion avec moteur à l'arrière. Mais la 928 était déjà en étude, et l'entreprise considérait les 924 et 928 comme les Porsche de demain, et voulait qu'il y ait une ressemblance, un air de famille entre ces deux modèles. Or la 928 disposait d'un gros moteur V8 qu'on ne pouvait placer qu'à l'avant. Un moteur à l'avant présentait cependant des avantages. On séparait les deux principales sources de bruit : le moteur à l'avant et l'échappement à l'arrière. Le moteur à l'avant permettait également de satisfaire plus facilement aux règles de protection en cas de choc. Finalement, on pouvait améliorer la répartition des masses, et donc la tenue de route et la maniabilité.
  • Le design fut réalisé par Anatole Lapine. La partie avant ne présentait pas de prises d'air flagrantes, afin de rappeler le design des moteurs arrière. A une époque où les formes carrées et anguleuses étaient à l'honneur, les formes de la 924 étaient rondes et douces.
  • De nombreuses pièces furent reprises des stocks de VW-Audi, mais Porsche ajouta sa touche personnelle afin de garantir qualité et élégance technique. Malgré cela, la parenté avec VW-Audi était évidente.
  • Selon l'accord, VW-Audi devait construire ce coupé dans une ancienne usine NSU à Neckarsulm. VW pouvait ainsi éviter la fermeture de l'usine, et le renvoi des ouvriers, et rentabilisait l'étude demandée. Porsche augmentait sa production, sans devoir augmenter son appareil productif. Et l'usine se situait près de Zuffenhausen, dans une région où la main-d'œuvre était connue pour ses compétences techniques et son ardeur au travail.
  • La 924 était une excellente voiture. Elle était performante, et à la fois confortable et spacieuse. La tenue de route était excellente, tout comme son maniement. Une garantie anticorrosion de sept ans, une direction fantastique, et une consommation modérée achevaient d'en faire un choix judicieux.
  • En 1982, soit 6 ans après le lancement de la 924, Porsche commercialise la 944 qui est une évolution de la 924, avec un moteur Porsche et une carrosserie plus virile. La 924 continuera cependant à être commercialisée en entrée de gamme.
  • C'est en 1991 que Porsche lance la 968, une évolution de la 944 dont le dessin et le moteur ont été améliorés.
  • De très bonnes ventes : La 924 se vendit bien, à 150.000 exemplaires, mais avec des irrégularités selon le taux de change mark/dollar. Elle se vendit presque autant que la 911 de sa génération (moyenne annuelle de 11.000 unités). La 944 se vendit encore mieux, à plus de 170.000 exemplaires (moyenne annuelle de 17.000 unités), et se vendit mieux que la 911 de son époque. Il faut tenir compte que la 944 a bénéficié d'un taux de change mark/dollar favorable lors de son lancement. Quant à la 968, elle se vendit moins bien, avec un peu moins de 17.000 ventes (moyenne annuelle de 2.500 unités). La 968 était pourtant considérée comme une réussite esthétique.